Graimbouville après guerre

Récit et condensé de vie vécus par Colette BOULLEN, André VASSE, Michel HOUEL et Gilbert BARIAU (texte inséré dans le bulletin communal)

Notre petit village, au temps où le modernisme en était à ses premier balbutiements, était le pôle le plus actif du canton de Saint Romain de Colbosc en matière d'artisanat. En effet, sur le sol Graimbouvillais, deux épiceries, un marchand de vélo, deux maçons, deux menuisiers, un forgeron, deux marchands de charbon, un boulanger et une graineterie (installée en 1951) y étaient implantés.

...prenait aussi une grande place au sein de notre commune, puisqu'on pouvait en compter pas moins de 43 petites fermes et 4 grandes d'une superficie de 60 à 75 hectares. 

Les bovins, les porcins y étaient élevés pour les propres besoins des ouvriers et des fermiers tandis que l'âne, esclave de la ferme, (il refait aujourd'hui son apparition) remplissait son dur labeur en tirant et portant de lourdes charges surtout quand la moisson prenait fin et que les betteraves étaient défouies.  Au x cotés de ce petit équin, les chevaux avaient leur part de travail et ils étaient présent dans chaque ferme.

Les petits fermiers en majorité locataires des terres devaient cultiver beaucoup d'avoine pour la consommation de leurs chevaux, elle représentait environ 1/6ème de la surface cultivée.

Il y a 40 ans que le dernier cheval exerçait son travail dans les champs et aujourd'hui, il devient un membre à part entière de certaines familles et redonne au paysage Graimbouvillais tout son charme d'antan.

 

... c'était les moulins à bettes qui tournaient pour la récolte des betteraves, le laitier qui passait chargé de ses cruches à lait, les charrues de paille tirées par les chevaux, des chemins caillouteux qui ont laissé la place à l'asphalte.

En ces temps difficiles les jours s'écoulaient doucement et les habitant prenaient le temps de vivre.

A la libération, les premiers militaires à arriver sur leurs side-cars, furent les Canadiens venus libérer Graimbouville de l'occupation Allemande. Avec eux sont arrivés les premiers paquets de chewing gums et de P4 (paquet de 4 cigarettes) C'est à cette époque qu'arrivent dans les champs les premiers tracteurs. Ces derniers vont bousculer les habitudes, modifier la faune car le petit gibier était très présent et nourrissait les habitants, et le paysage rural.

qui consiste à regrouper des propriétés rurales morcelées, pour en faire des domaines agricoles facilement exploitables, a fait qu'actuellement, sur 43 fermes existantes, il n'en reste plus que quatre. Même si cela n'a rien changé sur le dessin du paysage. Quelques talus ou arbres ont été abattus mais le reste à survécu.

 

A coté de tous ces changements, une chose a marqué les esprits et les cartables dans les années soixante, nos anciens se souviennent avec bonheur, du jour de l'inauguration de notre école et cela grâce à la détermination de Monsieur BOULLEN Henri, Maire de l'époque.

Depuis le début, nous ne parlons que du métier des hommes de la terre, mais nous ne pouvons pas oublier le travail de ces fermières qui se levaient de bonne heure pour la traite de 04 heures. Ce sont les mains de ces femmes qui façonnaient les mottes de beurre et remplissaient les pots de crème. C'est leur bonne humeur que l'on retrouvait sur les marchés pour la vente de leur production laitière.

Malgré des périodes de sécheresse, de froid, de guerre, notre village a gardé son visage que nous lui connaissons.

Grâce aux personnes qui lui ont donné vie par le biais de notre école, de nos associations, de nos habitants, de nos Mairies...

Graimbouville a gardé sa quiétude, son charme et toute son humanité.

C'est aux prochaines générations que nos anciens confient les clefs pour que subsistent les traits et le caractère rural de notre village.